Rose M. Foster
Messages : 131 Date d'inscription : 31/08/2011 Localisation : Oxford FTW
| Sujet: What are you waiting for ? ♦ Denys Mer 14 Sep - 17:20 | |
| « Tu pars déjà? » Je jette un oeil à l'horloge vintage qui orne le mur du Carling. Elle indique vingt trois heures à peine. Autant dire, à l'heure du Carling, ridiculement tôt pour rentrer à la maison. Mais Claire est une fille sérieuse, qui prépare sagement sa rentrée et entend bien lire chacun des ouvrages conseillés dans la bibliographie et relire ses cours de l'an dernier. D'ailleurs, si elle est venue ce soir, c'est uniquement pour me parler dossiers, préparation de mémoire et bourses Erasmus. Je ne crois pas lui avoir parlé d'autre chose que de la fac. Peut-être de la Fashion Week, une fois. Mais cela n'empêche qu'elle est très gentille et que c'est le genre de fille avec qui on veut bosser. Et bien quoi, moi aussi il m'arrive de travailler, même si je suis de ceux qui attendent la rentrée pour s'assurer de ne pas lire des bouquins ennuyeux pour rien. « Et bien oui, il se fait tard. » Si tu le dis. Je la laisse payer ses consommations, lui claque la bise de rigueur, assène un « A bientôt ! » assorti d'un sourire et la regarde s'éloigner. Gentille certes, mais franchement pas marrante.
N'ayant absolument pas envie de retourner à mon appartement désert, pour manger mes céréales en tête à tête avec mon ordinateur, je reste encore un peu et m'apprête à commander un verre. « J'vous offre à boire mademoiselle ? » demande alors une voix grasse et rauque venu de l'autre bout du comptoir. Je toise un instant le bonhomme, que je ne connais bien sûr ni d'Eve, ni d'Adam. Voilà pourquoi je n'aime pas spécialement être seule dans les bars. D'une part, ça donne un air d'alcoolique pathétique à la Lucy Thompson. D'autre part, les rustres pensent que c'est une invitation ouverte à vous draguer comme des porcs. Non, j'ai juste soif, casse-toi. Je le regarde d'un air blasé, puis apercevant une silhouette bien connue en train de préparer des cocktails, j'esquisse un sourire et rétorque « Non, c'est cadeau de la maison ! » Le barman se retourne, je souris de toutes mes dents et ajoute « Pas vrai Denys? » Je le regarde avec une mine d'adorable de jeune fille candide, estimant qu'il ne peut pas m'abandonner aux mains sales de ce type en manque. Je m'accoude au bar, la tête posée sur mon poing, un sourire taquin aux lèvres. Vu le fric que je donne à ce bar et les pourboires que je lui ai laissé ou procuré, il me doit bien ça !
De toute façon dépité par ma visible préférence pour le beau barman, l'inconnu s'éloigne et va s'échouer à une table de midinettes, qui lui ouvrent les bras -et sûrement les cuisses- dans un éclat de rire. Je prends une mine un brin dégoûtée, puis retourne à ce cher Denys « Un mojito comme tu sais si bien les faire, tu seras un ange. » Je n'ai pas le souvenir qu'il travaille le mercredi et entreprend donc de faire la conversation « Tu fais des heures sup? C'est beau, un barman si dévoué... » Je décroise et recroise les jambes, heureuse de trouver un visage connu et sympathique en cette soirée qui ne s'annonçait pas des plus gaies. |
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