London Calling
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 love me two times... oh right, I hate you (pv. Mariann)

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AuteurMessage
Edward J. Hicox
Edward J. Hicox

Messages : 17
Date d'inscription : 07/09/2011


love me two times... oh right, I hate you (pv. Mariann) Vide
MessageSujet: love me two times... oh right, I hate you (pv. Mariann)   love me two times... oh right, I hate you (pv. Mariann) EmptyJeu 8 Sep - 4:31

J’étais installé à une large table de bois, au fin fond de l’immense salle réservée aux professeurs, depuis approximativement une heure, et à vrai dire j’étais à deux doigts de faire voler les vitres en éclats. Depuis mon retour de désintox’, non, de « retraite de repos » comme ils disaient, on m’avait désigné responsable du cours de vingt heures. C’était le cours maudit, dont personne ne voulait, car ni les profs ni les étudiants exténués ne supportaient cet horaire foireux. A la rentrée, lorsque le chargé des emplois du temps m’avait tendu le mien avec un large sourire, j’avais aussitôt interprété cette saloperie comme une vengeance mesquine du Doyen, comme s’il avait voulu punir mon amour démesuré de l’alcool. Je n’avais eu d’autre choix que d’accepter, malheureusement, étant donné que je n’ai plus le moindre droit à l’erreur à présent. Du tout, j’étais contraint, tous les vendredis après-midi, de tourner en rond comme un animal en cage de seize heures à vingt heures, dévoré par l’ennui. Il n’y avait pas grand-chose à faire à Oxford, de mon point de vue, à part aller tuer le temps dans un bar (ce que je m’interdisais formellement, pas d’imprudence trop près du campus), traîner avec les collègues, ou corriger des copies. Ce vendredi, j’avais opté pour la troisième option, et depuis une heure, la frustration me poussait à attribuer des notes assassines à des copies pourtant moyennes, dommage pour eux. Je survolai la conclusion du vingt-septième et dernier essai sur le combat des femmes pour le droit de vote dans les pays anglophones, et secouai la tête, consterné. « Minable, minable… » Levant les yeux au plafond qui, lui, comprenait ma douleur, j’empoignai ma bouteille en plastique et avalai une longue gorgée du gin qu’elle contenait. C’était mal, très mal. Si les types des A.A m’avaient vu, ils m’auraient sûrement flanqué une sacrée tape sur les doigts, tiens. J’allais m’atteler à la rédaction d’un ultime commentaire méprisant lorsque je sentis une présence indésirable dans mon dos. «Eh bien alors, Hicox ?» Je n’eus même pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agissait de deux collègues en particulier, Littérature Antique et Economie. Ces deux empêcheurs d’être un déchet en rond semblaient, depuis mon retour, s’être fixé la mission divine de me maintenir dans le droit chemin et apparaissaient mystérieusement dès que j’étais sur le point de faire une connerie. N’ayant jamais été foutu de retenir leurs noms, je les appellerais ici Tweedle Dee et Tweedle Dum. «On peut savoir ce que tu bois, Edward ?» s’enquit Tweedle Dum d’un ton paternaliste plein de commisération qui me hérissa. J’entrepris de les ignorer royalement et me penchai sur la copie catastrophique que je venais de corriger pour y noter Tant d’incohérences me poussent à me demander avec qui vous avez pu coucher pour intégrer cette université. Je sursautai quand Tweedle Dee posa sa main sur mon épaule, compatissant. «Tu sais, tu peux nous parler, vieux.» Je m’ébrouai, près à leur en coller une à chacun, et pivotai sur mon siège pour leur faire face. «Je bois de l’eau… vieux.» Je lançai mon bras en arrière pour attraper ma bouteille et leur tendit, menaçant. « Vous voulez peut être vérifier, vu que vous n’avez rien de mieux à foutre ? » Les deux clowns échangèrent un regard et reculèrent, marmonnant quelque chose comme Ahmaisnonmaisontecroitducalme. Satisfait, je sentis mes lèvres s’étirer en un sourire carnassier. «Parfait. Dégagez alors, y’en a qui bossent ici» .

Une demi-heure plus tard, je me trouvais assis sur le parquet de la réserve de la bibliothèque où je m’étais réfugié pour échapper à mes fouines de collègues. J’étais plongé dans un ouvrage traitant de la mythologie judéo-chrétienne et savourais cette nouvelle tranquillité, lorsque le claquement de la porte me fit lever les yeux. Constater qu’il était impossible d’avoir la paix me foutait déjà les boules, mais ce fut pire lorsque j’identifiais la silhouette qui s’avançait entre les rayons comme étant celle de Marianne McBain. «Non mais dites-moi que je rêve… » grommelai-je dans ma barbe. Elle ne m’avait pas encore remarqué, tapi au sol comme je l’étais, mais moi je la voyais bien déambuler parmi les bouquins. Aussitôt, la haine déraisonnée que j’éprouvais pour elle me submergea, comme d’accoutumée. Je détestais ce qu’elle représentait, cette bourgeoisie paresseuse à qui tout semblait dû, quand d’autres, pour ne citer que moi, avaient dû se tuer à la tâche pour avoir un semblant de vie. Je détestais ses manières de garce reine du monde, l’air d’autosuffisance qu’elle trimballait partout avec elle, ses poses de petite allumeuse. Je détestais sa voix, ses coiffures, sa démarche, sa façon de se mouvoir. Je la détestais d’avoir osé profiter de mon séjour forcé parmi les poivrots repentants pour s’établir en tant que nouvelle emmerdeuse de l’Université d’Oxford. Plus que tout, je détestais entendre mes élèves chanter ses louanges. Tout ça, tous ces sentiments négatifs, c’était la routine qui berçait nos rencontres. Mais depuis quelques temps, en fait depuis ce que j’appellerais la Soirée de la Honte, une envie lancinante émettait des ondes parasites au milieu de tout ce vacarme. L’envie de lui sauter dessus, mais pas exactement pour l’étrangler. C’était extrêmement embarrassant. Alors que j’étais révolté à l’idée d’avoir pu coucher avec cette femme sous le coup de l’alcool, voilà que je devais réfréner les vagues de désir qui me taraudaient parfois lorsqu’elle se pavanait dans les couloirs. Et à cet instant, elles étaient là, enfouies, sournoises. Oh, combien j’aurais aimé qu’une étagère s’écroule sur son petit corps frêle.
Au moment où Marianne tournait finalement la tête dans ma direction, la minuterie s’éteignit, nous plongeant momentanément dans le noir. Deux choix s’offraient à moi : en profiter pour déguerpir, ou la rejoindre et passer mon énervement sur elle jusqu’à ce qu’elle sorte de ses gonds dorés. A vrai dire, on était loin du dilemme cornélien. Je bondis sur mes pieds et me faufilai entre les rayons. Lorsque la lumière revint, j’eus la satisfaction de la sentir tressaillir quand je surgis à ses côtés. Adossé contre le rayon « Antiquité », je me concentrai alors sur les nombreux aspects haïssables de la personnalité de Marianne pour renvoyer les vagues importunes dans leurs bas-fonds. « Fascinant, le pouvoir de la littérature » lançai-je en guise de salutation. Je tapotai la couverture du bouquin que j’avais toujours la main. « J’étais en train de me documenter sur les allégories chrétiennes, et voilà que la Putain de Babylone se matérialise devant mes yeux. » Je ponctuai l’insulte d’un grand sourire, avant de déposer mon livre au hasard et d’aller m’appuyer contre la porte de sortie. «Pauvre, pauvre Marianne… Tu vois, je suis d’extrêmement mauvaise humeur, et vu que je te déteste, je vais devoir te pousser aux limites de la folie afin d’apaiser mes nerfs. » Je sortis ma bouteille de gin de la poche arrière de mon jean et but une gorgée sans la quitter des yeux. «Alors, comment se passe l’implantation de ton cher atelier théâtre ? J’espère que le projet n’est pas trop avancé, je n’ai pas encore eu le temps de le foutre en l’air… »
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